Cher Monsieur Alonzo Balmaské,

Comme vous le savez, voilà déjà plus d’une dizaine d’années que le Genève Volley organise un camp d’été à la veille de la reprise scolaire.

Afin de permettre de mieux faire connaître le fonctionnement de cette activité et son contenu, un ou deux écrivains tâcherons s’attelaient à la tâche incommensurablement difficile de retranscrire de manière pertinente et parfaitement objective les petits et grands évènements ayant eu lieu durant ces quelques jours.

En principe, ces comptes-rendus dignes du prix Pulitzer étaient rédigés en fin de journée et plutôt au cours de la nuit afin que vous puissiez, cher Monsieur, vous délecter de cette lecture tout en trempant votre croissant tout frais dans votre café matinal.

Cette année, rien de tout cela ! Que s’est-il donc bien passé ? Bien entendu, cette question existentialiste turlupine les esprits de l’incroyable et immense foultitude de lecteurs et lectrices toxicodépendants de leur dose de prose matinale (Il semblerait cependant d’après un sondage réalisé par l’institut Mehdiamenteurs que le lectorat de ces comptes-rendus se compose de :

  • 1 lecteur adulte résidant à Trifouilly-les-Oies (Asile de la lumière suprême), un certain Monsieur A. B., qui est également abonné, selon Facebook, à La revue semestrielle Evolution du trou de tabouret à travers les âges; au quotidien Petits hommes verts, dragons, nains de jardins et Donald T : Ils sont là !, à un hebdomadaire Chasse et pêche en Antarctique, au biquotidien Amour, gloire et beauté (oups…) et fric ! et enfin à l’annuel Liposuccion et trépanation pour les bricoleurs.
  • 45’983 lectrices et lecteurs qui travaillent avec courage, probité et vaillance sans la moindre faiblesse au service de l’Administration fiscale cantonale de l’Etat et canton de Genève (Section U à Z). Gloire à eux ! En passant, mon numéro de contribuable est le 03459 9834 962. Merci d’avance !

Eh bien, contrairement aux années précédentes, cher Al Lonzo, le camp a subi des modifications, certes, et tout à fait insignifiantes. En effet, en raison de la pandémie due au SARS Covid-19, il a fallu procéder à quelques ajustements mineurs :

1)    L’hébergement :

L’Atlantic Paradise Island aux Bahamas nous a signalé que bien que les chambres comprissent un piano à queue, des centres de divertissement, une salle à manger avec un lustre en or de 22 carats et des bains à remous, et j’en passe, elles n’avaient pas toutes un dressing-room de 150 m2. Inacceptable ! Une autre solution envisagée fut le logement en suites à l’Hôtel Président Trump (à Genève, quel bienheureux hasard !), ce qui aurait pu être acceptable et faire l’affaire, mais le prix à débourser (81’000 $ par nuit, taxe de séjour de 3 francs non comprise) a semblé un peu élevé aux parents de l’une des participantes (Gwendoline Picsou pour ne pas la nommer). Donc, tant pis.

Finalement, l’option choisie est absolument extraordinaire ! Elle va laisser un souvenir inoubliable à toutes ces jeunes filles ! Les participantes allaient pouvoir dormir dans un environnement absolument fabuleux, digne des princesses des 1001 nuits. Où ? Mais à leur domicile, pardi ! Quoi de mieux que son propre lit pour reposes ses petits muscles fluets de poulettes ? Quelle incroyable aventure, digne de la conquête de l’espace !

2)    Les repas :

Le programme initial prévoyait de ne pas nourrir les participantes. En effet, à cet âge, les ados, ça vit d’amour et d’eau fraîche. D’ailleurs, c’est bien connu, un ado ne mange pas de pain et ne coûte donc pratiquement rien à ses parents (Pardon… il y a quand même l’abonnement pour son portable). Comment ? Pas vrai ? Ah ?? Ah bon…

Bref, on a multiplié les expériences gustatives. Pâtes italiennes, plats chinois, hamburgers américains, kebabs turcs, poulets albano-suisses… globalement, exercice réussi, dirons-nous. Quelques ajustements de sauce et d’horaire, mais des bricoles. Et tout le monde a mangé… c’est déjà ça.

3)   Les activités :

Initialement, il était prévu de diviser le groupe en trois groupes, afin d’alterner l’exécution de diverses tâches ludiques et intéressantes.

  1. La confection de masques aux couleurs du Genève Volley en vue d’une vente dans le monde entier à un prix défiant toute concurrence afin de pouvoir lancer une OPA sur la FIVB (Fédération Internationale de Volley-Ball) qui se serait transformée en FIGEV Ltd (Fédération Internationale du Genève Volley) ;
  2. La fabrication de ballons de volleyball à raison de 18 heures par jour ;
  3. Le nettoyage, grain par grain, du sable des terrains de beach des Franchises.

Hé bien, là aussi, il a fallu procéder à quelques changements (de peu d’importance) :

– La confection de masques n’a pas pu être réalisée car le modèle envisagé par le designer en chef (Don Diego de la Vega) n’a pas été homologué par les instances compétentes. C’est la mort de la petite entreprise ! Ce scandale supplémentaire montre bien que l’Etat nous trompe et nous ment comme dans le cas des OVNI. Les extraterrestres gélatineux sont parmi nous comme le démontre parfaitement les reportages véridiques de la série Men in Black ou de Musikantenstadl ! (Bon, là, c’est de l’allemand, mais il n’y a pas vraiment de différences avec la langue des poulpes phospholuminescents issus des profondeurs de l’espace ! Pardon ? Comment je m’appelle ? Mais de quoi vous vous mêlez, vous ?)


– La fabrication de ballons a également été annulée. En effet, en raison de travaux de maintenance dans la salle de sports de Henry-Dunant, il n’a pas été possible d’enfermer les enfants dans un local sombre et humide. De plus, les rats, dérangés par les allées venues, étaient parties en vacances en Espagne, et au retour, ont dû respecter une quarantaine drastique. Quel dommage de ne pouvoir se connecter avec la Nature et entrer en contact avec le monde animal !

– Le nettoyage du sable a également été annulé… en effet, il a été nuitamment déplacé par les autorités cantonales pour permettre l’ouverture, à temps, de la plage des Eaux-Vives. Fort heureusement, l’entreprise serbe Eco a pu remplacer ce matériel par le contenu des bennes de récupération du verre. On la remercie d’avoir pu agir envers et contre tout !

Bon, mon cher Alonzo(zo), vous l’aurez compris, le camp a subi quelques modifications qui se résument donc à : De bleu, de bleu, le camp, on l’a fait à Piogre !

Là, à ce moment-là du compte-rendu, on pourrait disserter des heures durant sur les participantes. Comme elles étaient gentilles, adorables, motivées, volontaires, intéressées, curieuses, enthousiastes, demandeuses… Eh bien non ! Si elles avaient vraiment été comme cela, vous pensez réellement que leurs parents auraient fait des pieds et des mains, et même payé, pour se débarrasser pendant quelques jours de leur vaurienne de gamine ?

Bon, notez que nous, on a de la chance. Vu qu’on mesure deux têtes de plus qu’elles, on ne nous répond pas, on ne nous claque pas la porte sur le nez et il n’y a pas de chambre pour aller bouder. Et de toute manière, on parle encore plus fort qu’elles. Surtout l’un de nous…

Plus sérieusement, le rajeunissement des cadres et l’arrivée de plusieurs nouvelles joueuses désireuses de découvrir le plus beau sport du monde et la plus belle brochette d’entraîneurs de l’univers a rendu l’ambiance des plus agréables. C’est facile d’avoir la paix avec des joueuses : il suffit de leur faire faire suffisamment de tours de terrains, de pompes, de burpees, de squats pour que les courbatures soient plus compliquées à gérer que la capacité d’expression orale. Et on a bien appris avec le temps, nous on a l’expérience. D’ailleurs, durant l’année, si les parents sont intéressés par des cours privés, on est là…

Donc, les filles furent sympathiques et agréables, comme de coutume. Alors, pour changer, et pour une fois, nous parlerons de la magnifique équipe d’encadrement qui s’est coltinée cette bande de suffragettes en puissance, et qui va, d’ici quelques années, exiger un salaire pour le travail de bénévole de camp comme un véritable enseignant de sport… On rêve, ou plutôt, on cauchemarde !

Donc, cher Monsieur Allons au zoo, l’équipe était formée de :

Andrew :

Nonobstant les différentes problématiques causées par les changements permanents et incessants ayant lieu tout le temps et simultanément sans s’arrêter, il a maîtrisé de main de maître la conduite du navire sur la route semée d’écueils, permettant ainsi, tout au long de la semaine, un fonctionnement optimal du camp. On le surnomme « Le capitaine » (bien qu’il ne soit que fourrier !).

Denis :

Digne successeur de Monsieur 100’000 volts (sans cravate à pois, toutefois, et privé de bécots en raison du Covid…). Il vous accompagnera partout où vous n’aurez plus accès au courant électrique et vous fournira autant d’énergie qu’une centrale atomique durant des lustres et pour des lustres. En cas de grosse fatigue, il se recharge en le connectant à une simple prise 220V. Sacré bon ohm, il ne résiste pas à se tenir au courant !

Eric :

S’il y a un truc qui cloche, qui sonne, qui grelotte, c’est votre homme ! Il apparaît par magie et remet tout en ordre en toute discrétion, puis il s’en va dans le soleil couchant sur son destrier, Joly vélo Jumper, tel le cow-boy qui a beaucoup de chance. Bref, c’est l’homme qui tournevisse plus vite que son ombre.

Marco :

Cet étrange personnage à l’origine fort louche, soit un vague village situé à 153,2 km de la place du Saint du même nom, a pratiqué un sport collectif qui voit les joueurs utiliser une balle, un maillet et… un cheval. On le reconnaît facilement, car il porte en toute occasion un vêtement à manches courtes fermé par deux ou trois boutons.

Une légende urbaine affirme qu’il se serait rendu en Extrême Orient d’où il aurait ramené le micro-organisme de la tiare. Les historiens soulignent que c’est d’ailleurs de cette époque que datent les accords secrets entre la Mafia et les Triades.

Ah oui – et c’est le roi du snack qui te cate toute la journée.

Sébastien :

Il est belge… tout est dit ! Quoi ? Vous ne connaissez pas Etterbeek ? Honte à vous… Cauchies, Autoworld, le musée de l’armée, le parc du Cinquantenaire ??? Revoyez votre géographie. Zéro pointé. Vous reviendrez l’an prochain.

Salvatore :

Non, malgré sa barbe, ce n’est pas un bûcheron canadien et ceci malgré sa carrure. En réalité, il s’agit de ce mystérieux personnage qui ne travaille que le 24 décembre et qui porte une houppelande rouge. Durant le reste de l’année, il fait du volley et surveille le programme de fitness des rennes.

Après tous ces ravagés de la cafetière, respectivement théière, il en fallait bien quelques-unes pour donner une image quelque peu rassurante et offrir un fonctionnement rationnel, il s’agit de :

Virginia :

De la douceur et de la beauté dans un monde de brutes testostéronées (et non pas de textos erronés !) pour apporter une touche de grâce et d’intelligence. Sa présence rassurante a permis au groupe de conserver de la tenue et d’éviter, peu ou prou, les plaisanteries grasses de corps de garde.

Tiphaine : 

En mode participation occasionnelle, renfort discret et efficace, surtout sur une planche de stand-up paddle. Elle qui pensait que les camps étaient des périodes de vacances et que les enfants étaient des bisounours ou des barbapapas tout roses… Eh bien non !! Elle a bien déchanté…

Jean-Jacques :

Le fantastique, l’incroyable, « Il meraviglioso JJvD » ! La langue française ne possède pas encore les qualificatifs suffisamment puissants et éloquents pour décrire cette merveille du monde. Quand ce sera chose faite, on érigera une statue de 300 mètres de hauteur représentant cet être suprême, à l’entrée de la rade, tel le colosse d’Appenzell Rhodes intérieures (ou extérieures, je ne sais plus…), avec un pied sur la jetée des Pâquis et l’autre sur la jetée des Eaux-Vives. Vive lui moi !

(Note de l’éditeur : suivant cette partie de la lettre, son auteur a malheureusement dû être interné à Belle-Idée pour quelques jours, le temps que ses chevilles dégonflent. On vous tiendra au courant de son état de santé en temps utile… disons juin 2021 ? Son assistant rédacteur habituel a aimablement accepté de la terminer pour lui.)

C’est ainsi, charmant cieux allons aux pâles mosquées, que je dois conclure pour notre ami JJ cette lettre en espérant que vous aurez compris, finalement et pour la faire courte, qu’on a dû se rabattre sur Basseville-sur-Léman plutôt que Hauteville-Lompnès pour le camp, qu’on est passé entre les mailles du Covid, que chacun est rentré chaque soir chez lui pour dormir, que tout s’est bien passé, que la nourriture a bien été mangée, que personne ne s’est blessé sérieusement et que la salle a bien été désinfectée à notre départ (info destinée aux autorités qui nous surveillent tout le temps…).

Sinon, signalons encore les éléments suivants d’importance :

  • Pour la première fois dans l’histoire des camps, on a pu faire du Beach volley, aux Franchises – merci au Vernier Beach Volley Club pour leur amical soutien !
  • Nous avons passé notre activité « hors volley » sur… l’eau ! En effet, grâce à l’entremise de Sport et Nature, nos jeunes demoiselles ont expérimenté le Stand-Up Paddle, une nouvelle tendance très tendance qui a tendance à devenir une tendance qui dure. Merci mille fois à Kiny Parade et son assistante Alexandra qui ont rendu tout cela très concret et qui ont eu bien de la patience !
  • Notre nouveau président Patrick Tran a rendu visite au camp jeudi, et a pu constater que tout allait bien… Je dis ça, je dis rien…
  • Plusieurs membres du comité et collaborateurs du club nous ont rejoint à divers moments – merci à eux pour leur intérêt.
  • Les joueuses de la Ligue Nationale A nous a rejoint le jeudi en fin de journée. Après quelques exercices, un petit tournoi a été organisé afin de faire connaissance. Chaque joueuse de la première équipe a coaché un groupe constitué de 3 à 5 jeunes. Belle expérience pour toutes.
  • Le vendredi s’est conclu sur le traditionnel tournoi final, remporté de main de maître au tie-break par une belle équipe, avec à la clé un super souvenir. Sans parler de la traditionnelle photo de groupe qui a eu lieu juste avant…

À l’été prochain pour un nouveau camp… on l’espère en tout cas !

Veuillez agréer, cher Monsieur à l’ouzo mal basqué, l’expression de nos sentiments correctement désinfectés et tenus à la distance réglementaire de sécurité.

Jean-Jacques (terminé par Andrew, en raison des événements susmentionnés).

PS : Marco nous a gratifié aimablement d’une traduction en anglais de la présente lettre. Connaissant sa maîtrise stupéfiante de la langue de Donald, nous ne résistons pas au plaisir de vous la livrer, in extenso, malgré sa longueur insupportable. La voici.

Camp 2020 : Hello ! Nothing to report. (rien à signaler)

Merci de nous avoir lu.

Crédit photos : Christian Lafargue – www.claps.ch Andrew Young et Sébastien De Krahe – www.gevb.ch